lundi 30 janvier 2012

L'ARTISTE- THE ARTIST


L'amour du cinéma

Lorsqu'on parle d'un film muet en noir et blanc, tous ont d'instinct une certaine réticence, une réserve compréhensible. Mais le cinéma - lorsqu'il est bien exécuté - possède une force insoupçonnée qui permet aux spectateurs d'être transportés, éblouis, déportés dans des univers qu'on aurait, pourtant, pu croire impossibles ou révolus. The Artist est un exemple parfait de ce pouvoir inégalé dont jouit le septième art. Dès les premières scènes, on oublie la salle ultra-moderne dans laquelle nous sommes assis, la projection numérique, la technologie 3D, les sièges D-Box ou tout autre instrument du cinéma contemporain; nous sommes en 1930 dans une pièce sombre pour écouter un orchestre accompagner des images en mouvement, tout simplement.

 La qualité principale de The Artist est de plonger rapidement son audience dans un monde, dans un état d'esprit, différent. Il n'est plus question ici d'un divertissement conventionnel, mais bien d'une expérience; un peu comme si on nous permettait de voyager dans le temps et de goûter à une époque, de changer nos perceptions. Parce que The Artist n'est pas que l'histoire George Valentin, acteur de films muets qui voit sa carrière réduite à néant lors de l'arrivée des oeuvres parlantes, mais bien, aussi, celle du cinéma. Quand un film si épuré, si loquace malgré son absence de paroles, se révèle être aussi efficace, aussi profond et esthétique, on en vient à questionner tous les artifices que nous proposent maintenant les  «mégaplex» et les cinémas-maisons ultra-modernes.
En plus de nous faire rire, de nous divertir avec autant (sinon plus) d'acuité que les blockbusters qui envahissent nos écrans en ces temps de réjouissance (et de dépense), le film de Michel Hazanavicius nous amène à réfléchir sur les vertus du cinéma, ses effets et les moyens qu'il emploie pour les obtenir. Pas besoin de systèmes de son ambiophoniques à la fine pointe de la technologie ni de lunettes stéréoscopiques pour apprécier The Artist, seulement un amour et/ou un respect du septième art ainsi qu'un esprit ouvert et entier.                   
7 décembre 2011.
Par Elizabeth Lepage-Boily

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